Corneau Vétérinaires

1897. "L'affaire" est encore dans toutes les têtes: il y a quatre ans chacun a vu la gravure, diffusée dans les journaux français représentant le capitaine Dreyfus dégradé dans la grande cour de l’école militaire de Saint-Cyr. En ce 15 novembre, alors que la mobilisation des Dreyfusards augmente notamment dans les milieux intellectuels de gauche, le frère d’Alfred Dreyfus envoie une lettre au ministre de la guerre, accusant Esterhazy. (l’histoire montrera qu’il est le vrai coupable de l’affaire Dreyfus).

Mais nous ne sommes pas à Paris, la province a ses propres préoccupations.

Novembre, c'est le mois de l'année où les travaux des champs font une pause; les labours des plaines de la Beauce se terminent; les champs sont ensemencés pour les récoltes de l'an prochain, les chevaux de traits vont pouvoir se reposer, octroyant un repos aux laboureurs et au vétérinaire de Meung sur Loire. Lui même a laissé son cheval, tout l'été, tout l'automne il avait fallu courrir de fermes en fermes à l'appel des paysans pour mettre à bas une jument, prendre soin d'un percheron qui boitait, castrer les jeunes étalons d'un an...pas de nuit pas de jour, toujours sur la brêche...

Aujourd'hui, un Lundi de Novembre, à vrai dire le 15, Monsieur le Vétérinaire, Edouard Durand marie sa fille. Marie, la jeune épousée a 18 ans: le marié est à peine plus vieux avec ses 22 ans. Par contre il possède toutes les garanties demandées lors d'un mariage de bourgeoisie locale: on est passé bien sûr chez Maître Quartier, Notaire à Meung, mais mieux que tout cela, malgré son jeune âge, le jeune Albert Corneau est Médecin Vétérinaire... de quoi générer une descendance de vétérinaires et fournir toute les garanties à sa belle famille...

Malheureusement, une dizaine d'années plus tard, Marie meurt, sans enfant... Albert Corneau se remariera. Pierre Corneau naîtra en 1911... Son avenir était tracé... L'école de Vétérinaires de Maisons Alfort. Il succédera ainsi à la charge de son père....

 

École nationale vétérinaire d'Alfort

En 1765 l'École royale vétérinaire s'installe dans l'ancien domaine du château d'Alfort acheté au baron de Bormes par Louis XV. Le domaine a une superficie de 12 hectares, mais le bâtiment d'origine, attesté duXVIIe, rapidement devenu exigu sera largement modifié. De 1765 à 1766, Germain Soufflot (1713-1780), architecte du Panthéon à Paris, dirige les premiers aménagements de l'école dont la direction est confiée à Claude Bourgelat. Claude Bourgelat, avocat, écuyer de l'Académie royale d'équitation, avait fondé à Lyon, en 1762, la première école vétérinaire au monde. Avec l'appui de son ami Henri-Léonnard Bertin, contrôleur général des finances du roi Louis XV, il crée cette seconde école à Paris, établie provisoirement à la barrière Saint-Denis, puis à Maisons-Alfort. Au fil des années, devant le développement de l'école, de nouveaux bâtiments sont édifiés, et les anciens remaniés, notamment en 1824, en 1838, 1882 et 1900.

Si au XIXe siècle, au sein de l'École vétérinaire, nombreux sont les chevaux malades présentés pour des soins, ou servant à l'étude de la pathologie pour les étudiants. L'école possède aussi un haras, et des chevaux destinés à l'équitation qui fait partie de l'enseignement vers 1783. Un manège couvert pour les reprises, est construit seulement en 1872. Les cours d'équitation sont alors facultatifs et réservés aux élèves de quatrième année, durant les récréations. Ils deviennent obligatoires en 1881 et sont supprimés en 1907. À cette époque, il est encore courant dans les campagnes que les vétérinaires fassent leurs visites à cheval. Aujourd'hui, les automobiles ont remplacé les chevaux, mais on pratique encore l'équitation dans le cadre de l'école.

De grands noms de la recherche biologique et médicale ont travaillé à Alfort

 

Témoignages (trouvés dans internet)

Votre métier a-t-il connu une évolution ?

Oui, une très grande évolution depuis que j’ai commencé il y a 35 ans. Nous sommes passés d’une médecine individuelle où nous mettions l’accent sur un animal en particulier à une médecine de groupe qui est une médecine préventive et prophylactique. Dans le passé, nous venions simplement pour un animal. Maintenant, nous devons discuter avec le fermier pour mettre en place un plan de stratégie contre les maladies que les animaux peuvent attraper.

Comment voyez-vous l’avenir de votre métier ?

Il dépend des éleveurs et ceux-ci sont en difficulté. Lorsqu’il se passe une crise ; nous en subisons les conséquences. Notre métier n’est pas rénuméré au prix qu’il devrait l’être car les fermiers ne savent pas payer. Le métier de vétérinaire rural est délaissé car les jeunes ne veulent plus s’imposer un rythme de travail trop éprouvant. Ils préfèrent des horaires fixes. L’année dernière, 250 étudiants sont sortis de l’université de Liège. La moitié d’entre eux était des français qui sont retournés en France, Parmis ceux qui restaient, il y avait 70% de fille. Celles-ci ne se destinaient pas à la pratique vétérinaire pour bovins. Seuls 3 ou 4 étudiants se sont déstinés aux bovins. Au ryhme où l’on va dans 10-15 ans, il va manquer des vétérinaires ruraux.

Quelles sont les personnes qui vous entourent ?

Principalement les éleveurs et leurs femmes. Nous recontrons les représentants de médicament et les vétérinaires pour se tenir au courant de l’évolution des maladies, sans oublier les autorités (AFSCA).

Quels outils utilisez-vous ?

Le minimum d’instrument de chirurgie, un échographe. Certains ont des appareils de radiographie. L’investissement (l’infrastructure) pour les bovins est moins important que pour les petits animaux. La médecine vétérinaire rurale est une médecine économique : l’intervention du vétérinaire doit rapporter à l’éleveur.

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes qui voudraient pratiquer votre métier ?

Ils doivent aimer les animaux et ne pas avoir peur de travailler. Nous devons avoir un contact facile avec les éleveurs et les écouter. Mais avant tout, ils doivent savoir ce que ce métier représente et il est intéressant de faire un stage avec un vétérinaire avant d’entamer des études.